mardi 15 avril 2014

Nouvelles du 15 avril 2014 - Oruro-Sucre (Bolivie)

 Le 5 avril, j'ai quitte Oruro pour me diriger vers Potosi. Grace aux indications precises donnees par le gardien du parking dans lequel la tigresse avait passe deux nuits, j'ai pu sortir de la ville sans probleme. En Bolivie, tout est un peu plus complique au niveau de la navigation car Garmin n'a pas encore reference ses GPS pour ce pays. Il faut donc y aller a l'ancienne.

La route entre Oruro et Potosi est tres frequentee, notamment par des bus locaux qui crachent une fumee noire epaisse. Parfois, lors des manoeuvres de depassement, il est impossible de verifier si du trafic vient en face et il faut attendre un coup de vent favorable pour que cette salete se dirige du cote droit de la route. L'arrivee a Potosi s'est aussi deroulee dans un trafic cahotique et j'ai eu mille peines a trouver le centre ville. Il faut dire que Potosi (150'000 habitants) est construite sur des collines separees par de profonds ravins. Beaucoup de rues tres en pente finissent en cul de sac et il ne vaut mieux pas de trouver au fond de l'une d'elles, sous peine de ne pouvoir manoeuvrer la moto pour rebrousser chemin.

Je ne me suis pas attarde a Potosi car cette ville degage une certaine tristesse. Elle a ete naguere tres prospere grace aux mines d'argent qui se trouvent a proximite immediate. On peut d'ailleurs les visiter mais cela comporte certains risques (eboulements, wagonnets fous, gaz toxiques, etc.). Apres le tremblement de terre d'Arica, je n'ai pas souhaite prendre ces risques. On y travaille encore comme au moyen age et depuis le debut de leur exploitation, ces mines ont deja fait 7 millions de victimes, parmi elles de nombreux esclaves amenes d'Afrique. 

De Potosi, j'ai pris la route d'Uyuni. Sur une distance de 200 km, j'ai eu droit a une declinaison de paysages fantastiques. De profonds canyons de roche rouge, des prairies vertes ou paissaient de nombreux lamas ou alpaguas, des petits villages en Adobe, des cultures en terrasses a la facon Inca puis une vue panoramique sur le salar d'Uyuni ont agremente le parcours.

Le 7 avril, je suis parti pour un excursion de trois jours sur le salar et ses environs. Dans le vehicule 4x4 qui nous emenaient, je me suis retrouve avec deux couples de suisses-allemands accompagnes d'une vieille dame bolivienne de 85 ans, domiciliee a La Paz, mere de l'une des suissesses. Le premier jour a ete consacre au salar. Cette enorme surface de sel de plus de 12'000 km carres (je crois que cela fait le quart de la surface de la Suisse), situee a plus de 3'600 m d'altitude vaut le deplacement. Contrairement a ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas d'une surface uniforme meme si la majeure partie est plate et dure. A certains endroits, la pression de la couche de sel provoque des resurgences d'eau qui ressort a la surface en bouillonnant. A d'autres endroits, c'est carrement un marecage avec des trous d'eau assez profonds. Les chauffeurs des vehicules 4x4 connaissent les lieux et c'est a 120 kmh que l'on parcourt le salar sans plus de secousses que sur une autoroute. La blancheur du salar est aveuglante et seules les iles viennent interrompre cette immensite blanche. Nous avons d'ailleurs visite l'une de ces iles sur laquelle poussent de nombreux cactus (voir photos).

Les deux jours suivants ont ete consacres a l'observation d'un volcan en activite (juste un peu de fumee au sommet, rien de tres excitant), et a la visite de lagunes multicolores peuplees de flamands rose. Le matin du troisieme jour, nous nous sommes leves a 5h30 pour aller voir des geysers au lever du soleil. Comme a San Pedro de Acatama, ces geysers n'en avaient plus que le nom et il s'agit en fait de trous dans lesquels l'eau bouillonne, mais il n'y a pas d'eruptions. Sur le chemin du retour sur Uyuni, nous avons encore visite un canyon magnifique au fond duquel se trouvait une verte vallee encaissee peuplee de lamas, d'alpaguas, d'oies sauvages et de divers canards. Nous avons aussi pu observer de nombreux vizcachas (sorte de lievre avec une queue d'ecureuil) dans cet endroit.

De retour a Uyuni, j'ai pris conge de mes compagnons de voyage qui poursuivaient leur route sur Potosi le soir meme. C'est toujours un moment difficile de se retrouver seul apres avoir passe 3 jours en bonne compagnie. De retour a l'hotel, j'ai releve mes courriels et ai eu la surprise d'apprendre que Livia et Yens, le couple de bernois qui a aussi traverse l'Atlantique sur le Grande Amburgo, se trouvaient a Uyuni. Le message datait du jour precedent mais j'ai quand meme entrepris un tour de ville en vue de les localiser. Assez rapidement, j'ai repere leur VW de l'armee suisse muni de plaques bernoises et j'ai commence a faire la tournee des bistrots. Au troisieme, je leur suis tombe dessus et nous avons mange et passe la soiree ensemble. Sachant que d'autres passagers du Grande Amburgo devaient se trouver dans le secteur (c'est a dire dans un rayon de 500 km), nous avons convenu de tenir une sorte d'assemblee generale a Sucre, a quelques 360 km de la. Secretement, j'esperais que tout le monde soit present le 12 avril a Sucre pour mon anniversaire.

Le lendemain matin, soit le 10 avril, j'ai repris la route en direction de Potosi puis ai poursuivi jusqu'a Sucre. En sortant de la ville d'Uyuni, j'ai encore croise Livia et Yens qui revenaient en ville apres avoir passe la nuit dans les collines. Peu avant Sucre, j'ai ete surpris par un orage et faute de trouver un abri pour enfiler la couche impermeable a l'interieur de ma veste, j'ai termine la journee trempe.

En arrivant a Sucre, on a l'impression de retrouver la civilisation. Non seulement la ville est tres belle avec ses nombreux batiments coloniaux aux balcons saillants en bois, mais toutes les rues sont asphaltees et il n'y a donc aucune poussiere. Sucre compte plus de 200'000 habitants et est la capitale constitutionnelle de la Bolivie. Dans les faits, seul le pouvoir judiciaire est demeure a Sucre. Le parlement et le gouvernement siegent a La Paz. Les deux jours suivant mon arrivee ont ete consacres a la visite de la ville et de certains de ses musees, notamment de celui de la liberte qui expose l'histoire du pays et de l'Amerique latine. J'ai aussi visite le musee consacre a l'art du tissage. J'ai ete tres impressionne par la capacite des tisseuses a creer des motifs au fur et a mesure de l'avancement de l'oeuvre, sans devoir se referer a un quelconque modele ou croquis etabli a l'avance. Dans ce musee, je suis tombe sur un couple de quebecois rencontre sur le salar d'Uyuni. En en sortant, je me suis casse le nez sur les deux couples de suisses-allemands et la grand-maman bolivienne avec qui j'avais fait le tour du salar en trois jours. Le monde est vraiment petit.

Le samedi 12 avril, jour de mon anniversaire, j'etais toujours sans nouvelle de mes amis bernois et des autres passagers du Grande Amburgo. Je me preparais donc a passer la soiree seul et avais deja repere une boite dans laquelle se deroulait une soiree Pink Floyd. En retournant a mon hotel en fin d'apres-midi et alors que j'attendais le feu vert pour traverser la rue, le VW de Livia et Yens m'a passe sous le nez. Incroyable. Sans que j'aie pu les interpeller et par chance, ils se sont arretes un peu plus loin et je les ai rejoints. Nous avons convenu de nous retrouver dans un restaurant francais pour feter mes 61 ans. Malheureusement, les autres passagers du Grande Amburgo avaient pris d'autres directions et ne seraient pas des nôtres.

En arrivant au restaurant francais,  j'ai eu la surprise de voir un immense gateau d'anniversaire surmonte d'une sorte de feu d'artifice au milieu de l'entree. Livia et Yens avaient guette mon arrivee et m'ont touche droit au coeur. Nous avons tres bien mange et passe une super soiree. Sur mon invitation, Ana, la guide bolivienne avec qui je partais le lendemain en treck de deux jours, nous a aussi rejoints. Sa presence nous a permis d'en apprendre plus sur le pays, ceci d'autant mieux qu'Ana parle couramment francais et anglais (en plus de l'espagnol et du quechua).

Le lendemain, le regime allait changer. J'ai retrouve Ana sur la Plaza et nous avons pris un bus pour nous rendre a un terminal de camions. A cet endroit, se trouvaient 3 camions en partance pour Chataquilla, lieu de culte situe a 3700 m d'altitude, point de depart de notre treck. J'ai pu choisir le camion et mon choix s'est porte sur celui qui n'avaient pas les pneus lisses. Bien qu'etant a une heure du depart, le pont du camion etait deja bonde de paysans qui retournaient dans leurs fermes dans les montagnes, avec sacs et colis divers. Il y avait meme un mouton dans un coin. En attendant l'heure du depart, je suis reste debout au milieu de ce monde colore, agrippe au support de bache. J'etais evidemment le seul gringo a bord et tous les regards, pas vraiment souriants, etaient sur moi. Ana a detendu l'ambiance en expliquant que je venais de Suisse. Ca passe mieux que d'etre americain par ici.

Apres une heure et demi de route et de piste, nous sommes arrives a destination a Chataquilla. De cet endroit isole (une eglise et un amphitheatre moderne), nous avons pris un chemin inca qui nous a conduits 800 m plus bas, soit a 2'900 m d'altitude. De la, nous avons chemine jusqu'a Maragua, village situe dans un ancien cratere de volcan de 8 km carres. Il nous a fallu 6,5 heures de marche pour y arriver, passant d'une vallee a l'autre. Ana, petite maille de 44 kilos, s'est montree increvable mais n'a pas arrete de macher des feuilles de coca. J'ai aussi essaye, mais apparamment mon organisme ne reagit pas a ce stimulant. En route, nous avons croise des paysans. Chaque rencontre a ete chaleureuse et a ete ponctuee par une poignee de feuilles de coca de la part d'Ana qui en avait emporte une belle quantite.

A Maragua, nous avons dormi chez l'habitant dans une maison traditionnelle en adobe. Ces paysans vivent vraiment dans des conditions tres rudes. En arrivant et apres avoir traverse un premier patio servant de poulailler, nous avons trouve nos hotes dans un deuxieme patio ou les animaux domestiques n'ont pas droit de sejour. La famille ou ce qu'il en reste, est composee d'un homme de 80 ans et de sa fille d'environ 50 ans. La saison des moissons battant son plein, le frere de l'homme de 80 ans est venu donner un coup de main.  Les hommes sont nus-pieds dans des sandales. La couleur de leur pieds est celle de la terre et il y a longtemps qu'ils n'ont pas vu une bassine d'eau. La femme porte des chaussettes avec lesquelles je ne nettoyerais pas la chaine de ma moto. A part cela, ils ont l'air assez propres et il n'y a pas d'odeurs nauseabondes. A force de macher des feuilles de coca, la demi-douzaine de dents qu'ils leur restent dans la bouche sont noires. L'accueil est chaleureux et Ana s'active immediatement pour preparer le repas sur le rechaud a gaz a deux feux situe dans la cuisine-sejour. Cette piece ne comporte pas de chaises et de tables mais uniquement de petits escabots. Deux silots a grain de 2 m de hauteur, donation des americains, s'y trouvent a cote de nombreux sacs de patates et autres victuailles. Le sol est en ciment et une ampoule eclaire la piece. Les ouvertures en facade qui servent de fenetres sont depourvues de vitres. En lieu et place, de vieux bouts de bache ou de carton obturent les orifices. Il y a un robinet d'eau dans le patio, sous un figuier qui plie sous la charge des fruits bien murs.

Apres le repas, on m'a designe la chambre a coucher. Il s'agit d'une piece attenante a la cuisine-sejour. Elle est meublee d'un lit aux couvertures douteuses. A sa vue, je me suis empresse d'accepter la proposition d'amenager un lit a meme le sol avec des peaux de mouton. J'ai laisse le lit a Ana. Ma galanterie n'a decidemment pas de limite ! J'ai evidemment mal dormi car meme avec 4 couches de peaux de mouton, on finit pas sentir le sol et on fait la crepe toute la nuit. Heureusement, j'avais pris mon sac a viande et cela m'a permis d'eviter trop de contacts avec la literie du lieu.

Le lendemain et apres avoir fait une petite visite a nos hotes occupes a couper le ble a l'aide d'une faucille, nous sommes retournes sur nos pas en retraversant ces belles vallees. Il nous a fallu 5,5 heures pour rejoindre un lieu ou un seul bus par jour passe. Nous l'avons attrappe et sommes rentres a Sucre sans encombre mais sans trop regarder du cote du precipice. Malgre les conditions d'hebergement, ce fut une belle experience et je suis heureux d'avoir pu m'immerger dans la vie des paysans de l'arriere pays boliviens.

Ce matin, je me suis reveille avec de belles courbatures et ai decide de rester un jour de plus a Sucre. Cela m'a permis de donner les habits portes durant le treck au salon lavoir et d'ecrire cette nouvelle. Demain, je quitte Sucre pour me diriger contre La Paz ou j'arriverai dans deux jours. Je suis d'ores et deja invite a sejourner chez la dame bolivienne de 85 ans rencontree lors de la visite du salar d'Uyuni.

Merci pour vos nombreux messages.

Hasta luego.







2 commentaires:

  1. cher daniel je me permet de vous appeler par votre prenom pour vous souhaiter un joyeux anniversaire et vous remercier pour ce beau voyage auquel je participe vous m.apportez une joie de vous lire sans pareil bravo vous me scotchez quelle vitalite autant pour vous que pour tigresse vive tigresse on tour a bientot la grand mere de la lorraine

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  2. joyeuse paques daniel toujours en pensees avec vous bonne route a birntot la grand mere la lorraine

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