mercredi 23 avril 2014

Nouvelles du 23 avril 2014 - Sucre-La Paz

Le 16 avril 2014, après avoir récupéré de mon  treck, j'ai quitté Sucre. La sortie de la ville sans GPS ne m'a pas trop posé de problème si ce n'est un trafic intense de poids lourds. En fait, ces derniers se dirigeaient vers une rue le long de laquelle de nombreux garages en plein air exécutent divers travaux d'entretien. Cela va de la vidange/graissage au changement de pneus en passant par le recintrage des lames de ressorts a l'aide de masses. Le sol est noir tellement il est imbibé d'huile de vidange. C'est un peu Germinal.

Les premiers 150 km de route en direction de Cochabamba sont asphaltés mais présentent de nombreux nids de poule. Apres cette première section montagneuse et sinueuse, la route devient une piste et longe une vallée verdoyante et traverse de nombreux villages aux constructions assez soignées. Ensuite et a ma grande surprise, une section pavée de 70 km me conduit jusqu'a la route principale qui relie Santa Cruz à Cochabamba. Arrivé a la nuit tombante à Cochabamba (plus de 600'000 habitants), je m'enfile dans le premier hôtel potable. En effet, il m'a fallu plus de 10 heures  pour parcourir les quelque 400 km qui séparent Sucre de Cochabamba et j'en ai plein les bras. De plus, à la nuit tombante, ma vue baisse de facon inquiétante. Effet de l'altitude peut-être ?

Le lendemain matin et sans prendre la peine de faire un tour en ville, je me suis à nouveau attaqué au defi de sortir de la ville dans la bonne direction. Les indications données par la réceptionniste de l'hotel s'avérèrent heureusement assez fiables. En effet, ce n'est qu'après 40 km de route dans les faubourgs que j'ai apercu le premier panneau indiquant la direction de la Paz. Sachant que je devais me diriger contre l'ouest, mon seul repère a été le soleil qui me tapait dans le dos. C'est ensuite une bonne route a travers la montagne et a plus de 4000 m d'altitude qui m'a conduit a proximité d'Oruro. Cette section de route de 180 km est fortement fréquentée par des camions, des autocars et des minibus. J'ai bien du entreprendre plus de 100 manoeuvres de dépassement et ai aussi assisté a   l'inconscience des chauffeurs boliviens. J'ai même vu un autocar moderne et puissant, un Mercedes, sur l'arrière duquel était inscrit "on vous transporte dans le confort et la sécurité" entreprendre un dépassement en plein virage. Il s'est trouve nez a nez avec un autocar venant en sens inverse. Tous les vehicules  se sont arrêtes, a savoir les deux autocars, le camion en train d'être dépassé et moi même. Et chacun a repris sa place le plus calmement du monde. Après cet épisode et d'autres, j'ai redoublé de prudence, notamment dans les virages masqués. Au passage d'un col, j'ai été caillouté par une écolière en uniforme. Je me demande quelles histoires on leur raconte sur les étrangers a l'école ou a la maison.

Arrivé dans la plaine et alors qu'il me restait une centaine de kilomètres a parcourir pour rejoindre La Paz, je me suis mis a la recherche d'un hotel car l'orage menaçait à l'horizon. De plus, je voulais éviter    d'arriver de nuit dans la capitale bolivenne réputée pour son trafic cahotique. Je me suis arrêté dans un gros bourg débordant d'activités pour chercher un hébergement. Tout était complet. En effet, a la veille de Vendredi Saint, tous les routiers s'étaient arrêtés et avaient pris d'assault les hotels. Je me suis donc résolu a continuer ma route sur La Paz. Quelques kilomètres plus loin, j'ai vu un panneau indiquant un hotel dans un village au loin. Je me suis engagé sur une piste en terre et me suis retrouvé dans un centre thermal offrant des cabanitas a louer. Après un accueil chaleureux, on m'a servi un repas chaud dans mon logement constitué de deux grandes pièces, d'une salle de bain et même d'un grand bassin qu'on pouvait remplir d'eau thermale avec un gros robinet de deux pouces. Comme l'orage menacait toujours, l'hôtelier m'a proposé de garer la moto dans la première chambre du logement. La porte ou plutôt le guidon de la tigresse, trop large, n'a pas permis cette manoeuvre. Je devrai donc encore patienter pour passer la nuit avec ma fidèle compagne.

Le lendemain matin, je suis allé aux piscines d'eau thermale. Il s'agit de deux bassins couverts avec de l'eau a environ 30 degres. De nombreuses familles au type indien s'ébattaient déjà dans l'eau. Comme je m'y attendais et bien que je sois le seul gringo du lieu, ma présence n'a suscité qu'indifférence et regards fuyants. J'ai bien essayé quelques sourires avec  l'espoir d'établir le contact, mais il n'y a rien eu a faire. La majorité des boliviens, qui sont de race indienne et peu mélangés en comparaison avec les habitants des autres pays d'Amérique latine, sont tres froids et peu sympathiques. J'ai remarqué que même entre eux les rapports sont tres froids. La Bolivie est d'ailleurs le seul pays, jusqu'ici, ou l'on m'a tourné le dos lorsque j'ai demandé mon chemin. Heureusement, il y a quelques exceptions qui réchauffent le coeur. Comme cet automobiliste, a la sortie de Cochabamba, qui se porte a ma hauteur pour me crier *buen viaje amigo*.

Après avoir effectué quelques contrôles techniques sur la tigresse, notamment les plaquettes de frein avant, qui après 26'000 km (dont 16000 en Amérique du Sud)  sont toujours en état de fonctionnement, je me suis mis en route pour La Paz. Sans le vouloir, j'ai bien choisi mon jour. En effet, nous sommes Vendredi Saint et le trafic est assez calme. En entrant dans l'immense banlieue que constitue El Alto, j'ai été surpris par un orage de grêle qui m'a obligé de me réfugier sous un avant toit. Le calme étant revenu après une demi heure d'attente, j'ai attaqué la descente sur La Paz. Etonamment, la route qui conduit au centre ville, au fond de la vallée mais tout de meme a 3700 m d'altitude, est une autoroute. J'ai donc suivi cette artère tout en jetant des coups d'oeil sur l'immensité de cette ville construite dans des vallées séparées de canyons et de pyramides comme celles d'Euseigne au Valais, mais en bien plus grand. A la fin de l'autoroute, je ne me suis pas posé de question et ai demandé a un taxi de me conduire a l'hotel Oberland dont j'ignorais totalement la situation géographique. En suivant le taxi, j'ai a nouveau pu me rendre compte des particularités de cette ville. Par moment, il semble qu'on sort de ville mais après avoir traversé un canyon sans construction, l'horizon s'ouvre et un nouveau quartier s'étale a perte de vue et ainsi de suite.

Bien que je sois invit chez la dame bolivienne de 85 ans rencontrée sur le salar d'Uyuni, j'ai décidé de loger a l'hotel Oberland, tenu par un suisse, et ou il est prév que je retrouve quatre passagers du Grande Amburgo, soit Gladys et Mathieu, français voyageant en Land Rover ainsi que Livia et Yens, de Berne, que j'avais quitté quelques jours auparavant a Sucre. Le lendemain de mon arrivée, nous sommes allés visiter la ville et le marché des sorcières qui propose des foetus de lama séchés. Il paraît que, pendu a rétroviseur, ça porte bonheur ! Nous avons aussi visite le musée de la coca qui s'efforce de démontrer que cette petite feuille n'a rien de nocif, bien au contraire. C'est l'usage qu'en ont fait les occidentaux qui est a condamner.

Le dimanche de Paques, nous avons organisé une grillade en compagnie de tous les résidents du camping de l'Oberland, a majorité francophone. Nous étions une douzaine de voyageurs dont une famille francaise qui voyage avec leurs deux enfants de 4 et 6 ans dans un camping car et qui ne sont pas prêts de rentrer en France. Il y avait aussi un Equatorien voyageant en Royal Enfield et avec son  petit chien équipe de lunettes de motocycliste. Lundi de Paques, nous sommes, Mathieu, Yens et moi, allés dévaler la route de la mort en VTT. Cette ancienne route, a la funeste réputation, se trouve a plus de deux heures de route de La Paz. On nous a conduits au sommet d'un col la 4700 m d'altitude et puis nous avons attaqué cette mythique descente jusqu'a Coroico, a 1200 m d'altitude. A partir de lla moitie  de la descente, on se trouve dans la forêt tropicale avec la douce chaleur que cela implique. Cette route, ou plutôt cette piste caillouteuse de 3,2 m de large, doit son nom aux nombreux accidents qui ont vu des véhicules basculer dans le vide lors de manoeuvres de croisement. Les précipices atteignant parfois 600 m de profondeur, inutile de préciser que les issues étaient fatales. Aujourd'hui, cette route n'est plus utilisée et est surtout fréquentées par des VTTistes, bien qu'il soit encore possible d'y circuler en véhicule a moteur. Chaque année, des VTTistes y laissent leur vie. A ce jour, ils sont au nombre de 15. Tous les membres de notre groupe sont arrivés sains et saufs et ont recu un T-shirt en souvenir de cet *exploit*. J'ai beaucoup apprécié cette descente qui n'est finalemnent pas plusdangereuse  que certains passages du Grand Raid et mes deux amis également.

Le mardi 22 avril 2014, j'ai quitté La Paz et mes amis pour me diriger contre Copacabana au bord du Lac Titicaca, encore en Bolivie. Grâce aux données GPS que Mathieu a télécharge dans mon appareil, la sortie de la capitale bolivienne s'est bien déroulée.

Je suis arrivé a Copacabana, d'ou je vous écris, en fin d'après midi après 160 km de route et un passage en bac mythique. Mais cela fera partie du prochain article.

En attendant, je vous envoie mes amicales salutations.

Hasta luego.




Sucre / La Paz / photos

Une rue de Sucre

La Plaza de Sucre

Maragua. A 80 ans, notre hote moissonne a la faucille

Vue de Sucre

Entre Sucre et Cochabamba. Section pavee de 70 km a travers la montagne

Maison de nos hotes a Maragua

Foetus de lama au marche aux sorcieres, La Paz

Rue de la Paz

Vallee de la Lune, La Paz

Quartier de la Paz

mardi 15 avril 2014

Nouvelles du 15 avril 2014 - Oruro-Sucre (Bolivie)

 Le 5 avril, j'ai quitte Oruro pour me diriger vers Potosi. Grace aux indications precises donnees par le gardien du parking dans lequel la tigresse avait passe deux nuits, j'ai pu sortir de la ville sans probleme. En Bolivie, tout est un peu plus complique au niveau de la navigation car Garmin n'a pas encore reference ses GPS pour ce pays. Il faut donc y aller a l'ancienne.

La route entre Oruro et Potosi est tres frequentee, notamment par des bus locaux qui crachent une fumee noire epaisse. Parfois, lors des manoeuvres de depassement, il est impossible de verifier si du trafic vient en face et il faut attendre un coup de vent favorable pour que cette salete se dirige du cote droit de la route. L'arrivee a Potosi s'est aussi deroulee dans un trafic cahotique et j'ai eu mille peines a trouver le centre ville. Il faut dire que Potosi (150'000 habitants) est construite sur des collines separees par de profonds ravins. Beaucoup de rues tres en pente finissent en cul de sac et il ne vaut mieux pas de trouver au fond de l'une d'elles, sous peine de ne pouvoir manoeuvrer la moto pour rebrousser chemin.

Je ne me suis pas attarde a Potosi car cette ville degage une certaine tristesse. Elle a ete naguere tres prospere grace aux mines d'argent qui se trouvent a proximite immediate. On peut d'ailleurs les visiter mais cela comporte certains risques (eboulements, wagonnets fous, gaz toxiques, etc.). Apres le tremblement de terre d'Arica, je n'ai pas souhaite prendre ces risques. On y travaille encore comme au moyen age et depuis le debut de leur exploitation, ces mines ont deja fait 7 millions de victimes, parmi elles de nombreux esclaves amenes d'Afrique. 

De Potosi, j'ai pris la route d'Uyuni. Sur une distance de 200 km, j'ai eu droit a une declinaison de paysages fantastiques. De profonds canyons de roche rouge, des prairies vertes ou paissaient de nombreux lamas ou alpaguas, des petits villages en Adobe, des cultures en terrasses a la facon Inca puis une vue panoramique sur le salar d'Uyuni ont agremente le parcours.

Le 7 avril, je suis parti pour un excursion de trois jours sur le salar et ses environs. Dans le vehicule 4x4 qui nous emenaient, je me suis retrouve avec deux couples de suisses-allemands accompagnes d'une vieille dame bolivienne de 85 ans, domiciliee a La Paz, mere de l'une des suissesses. Le premier jour a ete consacre au salar. Cette enorme surface de sel de plus de 12'000 km carres (je crois que cela fait le quart de la surface de la Suisse), situee a plus de 3'600 m d'altitude vaut le deplacement. Contrairement a ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas d'une surface uniforme meme si la majeure partie est plate et dure. A certains endroits, la pression de la couche de sel provoque des resurgences d'eau qui ressort a la surface en bouillonnant. A d'autres endroits, c'est carrement un marecage avec des trous d'eau assez profonds. Les chauffeurs des vehicules 4x4 connaissent les lieux et c'est a 120 kmh que l'on parcourt le salar sans plus de secousses que sur une autoroute. La blancheur du salar est aveuglante et seules les iles viennent interrompre cette immensite blanche. Nous avons d'ailleurs visite l'une de ces iles sur laquelle poussent de nombreux cactus (voir photos).

Les deux jours suivants ont ete consacres a l'observation d'un volcan en activite (juste un peu de fumee au sommet, rien de tres excitant), et a la visite de lagunes multicolores peuplees de flamands rose. Le matin du troisieme jour, nous nous sommes leves a 5h30 pour aller voir des geysers au lever du soleil. Comme a San Pedro de Acatama, ces geysers n'en avaient plus que le nom et il s'agit en fait de trous dans lesquels l'eau bouillonne, mais il n'y a pas d'eruptions. Sur le chemin du retour sur Uyuni, nous avons encore visite un canyon magnifique au fond duquel se trouvait une verte vallee encaissee peuplee de lamas, d'alpaguas, d'oies sauvages et de divers canards. Nous avons aussi pu observer de nombreux vizcachas (sorte de lievre avec une queue d'ecureuil) dans cet endroit.

De retour a Uyuni, j'ai pris conge de mes compagnons de voyage qui poursuivaient leur route sur Potosi le soir meme. C'est toujours un moment difficile de se retrouver seul apres avoir passe 3 jours en bonne compagnie. De retour a l'hotel, j'ai releve mes courriels et ai eu la surprise d'apprendre que Livia et Yens, le couple de bernois qui a aussi traverse l'Atlantique sur le Grande Amburgo, se trouvaient a Uyuni. Le message datait du jour precedent mais j'ai quand meme entrepris un tour de ville en vue de les localiser. Assez rapidement, j'ai repere leur VW de l'armee suisse muni de plaques bernoises et j'ai commence a faire la tournee des bistrots. Au troisieme, je leur suis tombe dessus et nous avons mange et passe la soiree ensemble. Sachant que d'autres passagers du Grande Amburgo devaient se trouver dans le secteur (c'est a dire dans un rayon de 500 km), nous avons convenu de tenir une sorte d'assemblee generale a Sucre, a quelques 360 km de la. Secretement, j'esperais que tout le monde soit present le 12 avril a Sucre pour mon anniversaire.

Le lendemain matin, soit le 10 avril, j'ai repris la route en direction de Potosi puis ai poursuivi jusqu'a Sucre. En sortant de la ville d'Uyuni, j'ai encore croise Livia et Yens qui revenaient en ville apres avoir passe la nuit dans les collines. Peu avant Sucre, j'ai ete surpris par un orage et faute de trouver un abri pour enfiler la couche impermeable a l'interieur de ma veste, j'ai termine la journee trempe.

En arrivant a Sucre, on a l'impression de retrouver la civilisation. Non seulement la ville est tres belle avec ses nombreux batiments coloniaux aux balcons saillants en bois, mais toutes les rues sont asphaltees et il n'y a donc aucune poussiere. Sucre compte plus de 200'000 habitants et est la capitale constitutionnelle de la Bolivie. Dans les faits, seul le pouvoir judiciaire est demeure a Sucre. Le parlement et le gouvernement siegent a La Paz. Les deux jours suivant mon arrivee ont ete consacres a la visite de la ville et de certains de ses musees, notamment de celui de la liberte qui expose l'histoire du pays et de l'Amerique latine. J'ai aussi visite le musee consacre a l'art du tissage. J'ai ete tres impressionne par la capacite des tisseuses a creer des motifs au fur et a mesure de l'avancement de l'oeuvre, sans devoir se referer a un quelconque modele ou croquis etabli a l'avance. Dans ce musee, je suis tombe sur un couple de quebecois rencontre sur le salar d'Uyuni. En en sortant, je me suis casse le nez sur les deux couples de suisses-allemands et la grand-maman bolivienne avec qui j'avais fait le tour du salar en trois jours. Le monde est vraiment petit.

Le samedi 12 avril, jour de mon anniversaire, j'etais toujours sans nouvelle de mes amis bernois et des autres passagers du Grande Amburgo. Je me preparais donc a passer la soiree seul et avais deja repere une boite dans laquelle se deroulait une soiree Pink Floyd. En retournant a mon hotel en fin d'apres-midi et alors que j'attendais le feu vert pour traverser la rue, le VW de Livia et Yens m'a passe sous le nez. Incroyable. Sans que j'aie pu les interpeller et par chance, ils se sont arretes un peu plus loin et je les ai rejoints. Nous avons convenu de nous retrouver dans un restaurant francais pour feter mes 61 ans. Malheureusement, les autres passagers du Grande Amburgo avaient pris d'autres directions et ne seraient pas des nôtres.

En arrivant au restaurant francais,  j'ai eu la surprise de voir un immense gateau d'anniversaire surmonte d'une sorte de feu d'artifice au milieu de l'entree. Livia et Yens avaient guette mon arrivee et m'ont touche droit au coeur. Nous avons tres bien mange et passe une super soiree. Sur mon invitation, Ana, la guide bolivienne avec qui je partais le lendemain en treck de deux jours, nous a aussi rejoints. Sa presence nous a permis d'en apprendre plus sur le pays, ceci d'autant mieux qu'Ana parle couramment francais et anglais (en plus de l'espagnol et du quechua).

Le lendemain, le regime allait changer. J'ai retrouve Ana sur la Plaza et nous avons pris un bus pour nous rendre a un terminal de camions. A cet endroit, se trouvaient 3 camions en partance pour Chataquilla, lieu de culte situe a 3700 m d'altitude, point de depart de notre treck. J'ai pu choisir le camion et mon choix s'est porte sur celui qui n'avaient pas les pneus lisses. Bien qu'etant a une heure du depart, le pont du camion etait deja bonde de paysans qui retournaient dans leurs fermes dans les montagnes, avec sacs et colis divers. Il y avait meme un mouton dans un coin. En attendant l'heure du depart, je suis reste debout au milieu de ce monde colore, agrippe au support de bache. J'etais evidemment le seul gringo a bord et tous les regards, pas vraiment souriants, etaient sur moi. Ana a detendu l'ambiance en expliquant que je venais de Suisse. Ca passe mieux que d'etre americain par ici.

Apres une heure et demi de route et de piste, nous sommes arrives a destination a Chataquilla. De cet endroit isole (une eglise et un amphitheatre moderne), nous avons pris un chemin inca qui nous a conduits 800 m plus bas, soit a 2'900 m d'altitude. De la, nous avons chemine jusqu'a Maragua, village situe dans un ancien cratere de volcan de 8 km carres. Il nous a fallu 6,5 heures de marche pour y arriver, passant d'une vallee a l'autre. Ana, petite maille de 44 kilos, s'est montree increvable mais n'a pas arrete de macher des feuilles de coca. J'ai aussi essaye, mais apparamment mon organisme ne reagit pas a ce stimulant. En route, nous avons croise des paysans. Chaque rencontre a ete chaleureuse et a ete ponctuee par une poignee de feuilles de coca de la part d'Ana qui en avait emporte une belle quantite.

A Maragua, nous avons dormi chez l'habitant dans une maison traditionnelle en adobe. Ces paysans vivent vraiment dans des conditions tres rudes. En arrivant et apres avoir traverse un premier patio servant de poulailler, nous avons trouve nos hotes dans un deuxieme patio ou les animaux domestiques n'ont pas droit de sejour. La famille ou ce qu'il en reste, est composee d'un homme de 80 ans et de sa fille d'environ 50 ans. La saison des moissons battant son plein, le frere de l'homme de 80 ans est venu donner un coup de main.  Les hommes sont nus-pieds dans des sandales. La couleur de leur pieds est celle de la terre et il y a longtemps qu'ils n'ont pas vu une bassine d'eau. La femme porte des chaussettes avec lesquelles je ne nettoyerais pas la chaine de ma moto. A part cela, ils ont l'air assez propres et il n'y a pas d'odeurs nauseabondes. A force de macher des feuilles de coca, la demi-douzaine de dents qu'ils leur restent dans la bouche sont noires. L'accueil est chaleureux et Ana s'active immediatement pour preparer le repas sur le rechaud a gaz a deux feux situe dans la cuisine-sejour. Cette piece ne comporte pas de chaises et de tables mais uniquement de petits escabots. Deux silots a grain de 2 m de hauteur, donation des americains, s'y trouvent a cote de nombreux sacs de patates et autres victuailles. Le sol est en ciment et une ampoule eclaire la piece. Les ouvertures en facade qui servent de fenetres sont depourvues de vitres. En lieu et place, de vieux bouts de bache ou de carton obturent les orifices. Il y a un robinet d'eau dans le patio, sous un figuier qui plie sous la charge des fruits bien murs.

Apres le repas, on m'a designe la chambre a coucher. Il s'agit d'une piece attenante a la cuisine-sejour. Elle est meublee d'un lit aux couvertures douteuses. A sa vue, je me suis empresse d'accepter la proposition d'amenager un lit a meme le sol avec des peaux de mouton. J'ai laisse le lit a Ana. Ma galanterie n'a decidemment pas de limite ! J'ai evidemment mal dormi car meme avec 4 couches de peaux de mouton, on finit pas sentir le sol et on fait la crepe toute la nuit. Heureusement, j'avais pris mon sac a viande et cela m'a permis d'eviter trop de contacts avec la literie du lieu.

Le lendemain et apres avoir fait une petite visite a nos hotes occupes a couper le ble a l'aide d'une faucille, nous sommes retournes sur nos pas en retraversant ces belles vallees. Il nous a fallu 5,5 heures pour rejoindre un lieu ou un seul bus par jour passe. Nous l'avons attrappe et sommes rentres a Sucre sans encombre mais sans trop regarder du cote du precipice. Malgre les conditions d'hebergement, ce fut une belle experience et je suis heureux d'avoir pu m'immerger dans la vie des paysans de l'arriere pays boliviens.

Ce matin, je me suis reveille avec de belles courbatures et ai decide de rester un jour de plus a Sucre. Cela m'a permis de donner les habits portes durant le treck au salon lavoir et d'ecrire cette nouvelle. Demain, je quitte Sucre pour me diriger contre La Paz ou j'arriverai dans deux jours. Je suis d'ores et deja invite a sejourner chez la dame bolivienne de 85 ans rencontree lors de la visite du salar d'Uyuni.

Merci pour vos nombreux messages.

Hasta luego.







Nouvelles du 4 avril 2014 - Cafayate (Argentine) - Oruro (Bolivie)

Arrive le  21 mars, premier jour de l'automne, a Cafayate, j'y ai passe 4 jours tres agreables. Cafayate et une petite ville viticole situee a 1600 m d'altitude et revendique etre le berceau du fameux vin blanc Torrontes. C'est assez etonnant de voir toutes ces vignes a cette altitude mais apres avoir visite le musee de la vigne et du vin, j'ai appris qu'il y avait de la vigne encore plus haut, notamment a Cachi. Le terroir est sablonneux et necessite un arrosage au goutte a goutte permanent. La qualite des vins produits s'expliquerait aussi de par le fait que l'amplitude de la temperature entre le jour et la nuit est tres importante.

Apres une premiere journee tranquille a flaner autour de la Plaza entouree de nombreux restaurants animes ou j'ai bien sur deguste le fameux Torrontes, je me suis repris en main le lendemain. En effet, j'ai loue un VTT et ai pris un bus qui m'a depose a 50 km dans les gorges de Cafayate (Quebrada de Cafayate), plus precisement dans la Gorge du Diable. Depuis ce lieu-dit, j'ai pedale jusqu'a Cafayate tout en visitant les nombreux sites le long du chemin. Je vous passe les details car les photos deja editees sont plus parlantes.

Le sejour a Cafayate a aussi ete rendu agreale du fait que j'y ai retrouve, par hasard, Claire-Lise (aussi infirmiere) et Pascal, le couple de morgien rencontre quelques jours plus tòt.. Nous avons soupe ensemble deux fois et echange nos experiences et c'etait tres sympathique.

Toute bonne chose ayant une fin, j'ai pris la route de Salta le 24 mars en empruntant a nouveau la route de la Quebrada de Cafayate. La lumiere etant differente dans le sens de la descente, j'ai fait de nombreux arrets pour prendre des photos et admirer ce paysage de roches multicolores aux formes etonnantes. La riviere aux nombreuses ramifications paresseuses et bordees de roseaux nommes ici "queues de renard" vaut aussi le coup d'oeil.

En sortant des gorges, la vegetation, avec de nombreux cactus, a repris ses droit. La riviere etait beaucoup plus vive a cet endroit et de nombreuses familles, profitant du jour ferie, faisaient des grillades entre la route et le cours d'eau. Ensuite, la plaine s'est elargie et n'a plus suscite d'interet.

Je suis arrive a Salta en fin d'apres-midi et ai trouve un hotel a proximite de la Plaza. Cette derniere est particulierement jolie car elle est entouree de batiments coloniaux imposants. Le lendemain, je suis monte avec un telecabine de fabrication suisse sur le Cerro San Bernardo, une colinne qui domine la ville. Outre la vue, l'endroit est tres joli avec des jardins et des cours d'eau artificiels tres bien faits. C'est tres tranquille et il y a meme un fitness en plein air avec tous les instruments de torture usuels. L'arrivee du telecabine a ete amenagee dans un batiment aux vitrages multicolores (comme les lampes Tyffany) du plus bel effet et entoure d'arbres et de plantes exotiques.

Dans la mesure ou la visite des musees (il y a bien sur des exceprtions) et des eglises ne constituent pas ma tasse de the, j'ai quitte cette ville d'un demi-million d'habitants le 26 mars et y aurai donc passe deux nuits.

Suivant toujours les suggestions de Werner, je me suis dirige sur San Antonio de Los Cobres en suivant une vallee qu'emprunte egalement le train des nuages qui monte jusqu'a plus de 4200 m d'altitude. Tres rapidement, je me suis retrouve sur une piste etroite avec la pluie pour compagne. Heureusement, cela n'a pas dure et j'ai eu tout loisir d'admirer le paysage ponctue de nombreux cactus (les memes que dans les Lucky Luke). La piste s'est ensuite transformee en route au revetement parfait et j'ai pu decrasse la tigresse et tester son comportement a plus de 4000 m d'altitude (tres bon mais avec un ralenti instable). Les derniers kilometres avant San Antonio se sont a nouveau deroules sur une piste sablonneuse ou en tole ondulee dans un paysage desertique.

San Antonio de Los Cobres, un joli nom pour un gros village a 3800 m d'altitude, en plein desert, pas un arbre, que des maisons basses alignees le long de rues non-asphaltees en damier. Rien de bien engageant a part un hotel assez moderne. Complet. Les passagers du train des nuages l'avaient pris d'assault, apparemment. Je me suis donc rabattu sur une auberge et comme souvent ai ete surpris en bien. Le tenancier, portant un espece d'uniforme militaire, aurait pu jouer les doublures de De Niro. A 15h30 de l'apres-midi, il m'a prepare la meilleure Milanese que j'aie mangee en Argentine. Apres une petite sieste, j'ai prudemment demande s'il y avait du Wifi et la reponse fut: bien evidemment. Et en plus ca fonctionnait tres bien. Le soir, j'ai encore soupe dans cette auberge tenue par De Niro et son fils. L'addition fut egalement une surprise: l'equivalent de CHF 25.-- pour la nuit, les deux repas et le petit-dejeuner.

Mais bon, je n'allais tout de meme pas passer une semaine dans cet endroit pour des raisons economiques et je suis reparti le lendemain matin pour San Pedro de Acatama, au Chili. Ce fut une rude journee avec beaucoup de pistes piegeuses et quelques erreurs de navigation. A un moment donne, j'ai pris une piste longeant un salar pour rejoindre la route nationale qui mene au passage de la frontiere, au col de Jama. Le paysage etait tres beau mais la piste particulierement traitre. Elle etait constituee de sable dur, ou plutot d'une croute qui, par endoits, cedait sous mes roues. Cela provoquait des embardees inquietantes et je me suis vu plus d'une fois a plat ventre. Cela a dure 60 km et je n'ai pas vu ame qui vive sur cette section. C'est avec beaucoup de soulagement que j'ai retrouve la route nationale et son bienvenu revetement bitumeux.

Le passage de la frontiere a ete assez rapide malgre le fait que les douaniers chiliens m'ont tout fait demonter pour verifier le contenu de mes bagages. L'importation de produits frais est interdite au Chili et je suppose qu'ils n'avaient pas assez saisi de fruits pour leur salade du soir.

La descente du col de Jama s'est deroulee sur une belle route sinueuse avec de jolis salars a admirer.  Je suis arrive a San Pedro de Acatama en debut de soiree apres une journee de 360 km, dont 240 sur pistes.

San Pedro est un gros village de 4000 habitants et aucune de ses rues n'est goudronnees. Les maisons ont garde leur aspect traditionnel, en adobe. Cette bourgade degage beaucoup de charme malgre la presence de nombreux touristes. Il faut dire qu'elle se situe en bordure du desert d'Acatama et a proximite immediate de nombreuses curiosites naturelles.

Au lendemain de mon arrivee, le 28 mars, j'ai loue un VTT et me suis engage dans la Vallee de la Lune (encore une). C'est une ballade d'environ 30 km aller/retour dans un decor mineral etonnant. Alors que je visitais une mine de sel abandonnee, je me suis retrouve avec deux autres cyclistes francophones, un quebequois et un fribourgeois de St-Aubin/FR. Nous avons fait le chemin du retour ensemble et nous sommes retrouves le soir pour le souper. A la table, se trouvaient egalement un couple de Charmey, une fille de Cully et une infirmiere de Strasbourg. Le monde devient petit dans les endroits touristiques. Mais ces sympathiques rencontres m'auront permis de passer encore deux belles journees a San Pedro. Le lendemain, nous sommes alles, avec un tour organise, visiter les geysers de Tatio a 95 km de San Pedro. Partis a 5h30 du matin, nous sommes arrives sur place pour le lever du soleil. Fait exceptionnel, il avait neige durant la nuit et le site etait saupoudre de neige, comme du sucre glace et du plus bel effet. J'ai par contre ete decu des geysers qui n'en sont plus. Il y a quelques annees, des apprentis sorciers ont entrepris des forages en vue d'exploiter les ressources thermiques du site et ont completement perturbe le systeme. Mais l'endroit reste tout de meme de toute beaute meme avec une temperature de moins 10 degres (on est a 4400 m d'altitude). Malgre cette belle temperature, notre compagne de voyage chinoise n'a pas hesite a se plonger dans une piscine naturelle d'eau thermale a 24 degres !

Le soir, nous sommes encore alles sur une crete au fond de la vallee de la mort pour admirer le coucher du soleil et le ciel etoile qui, sous cette latitude, est sans pareil. La voie lactee peut etre observee tres nettement. Nous avons pic-nique sur place puis sommes rentres avec nos velos et nos lampes frontales.

Le lendemain et toujours a velo, nous nous sommes rendus a la Laguna Cejar. Il s'agit de deux lacs d'eau salee qui ont survecu par je ne sais quel phenomene dans une zone plate et semi-desertique. L'eau est tellement salee qu'on flotte sans devoir nager. L'eau a une temperarture de 18 degres mais une fois trempe, c'est bien agreable de se laisser deriver assis comme dans un fauteuil..

Presque en meme temps que toute l'equipe, j'ai quitte San Pedro le 31 mars, direction Tocopilla, au bord du Pacifique. En passant, j'ai tente une visite de la plus grande mine de cuivre a ciel ouvert du monde, a quelques kilometres au nord de Calama, mais sans succes. De la route qui surplombe la mine, j'ai tout de meme apercu l'etendue de cette exploitation qui s'etale sur des kilometres. Un peu plus loin, je me suis aussi retrouve derriere un convoi  special transportant des bennes basculantes destinees aux camions d'une mine. Elles prenaient toute la largeur de la route et il etait impossible de depasser. Le trafic venant en sens inverse etait dirige sur le bas cote par une patrouille de police avancee. Tout est demesure dans ces mines, ce dont je m'etais deja rendu compte au Perou en visitant la mine a ciel ouvert de Antamina.

A Tocopilla, je me suis a nouveau retrouve dans un hotel a la devanture peu avenante mais avec un interieur surprenant avec patio et piscine.

De Tocopilla, ou ca sentait fortement le poisson, j'ai pris la route d'Arica. Les premiers 120 kilometres se sont deroules le long de la cote Pacifique dans un decor sauvage a la beaute particuliere. La route sinueuse a souhait longe des falaises de sable (similaires a celles de Lima, Perou) que je trouve habituellement assez deprimantes. Dans le cas present, cette rudesse etait adoucie par une fine brume et j'ai finalment beaucoup apprecie cette portion de route. J'ai aussi eu la chance d'observer une colonie de pelicans perches sur un eperon rocheux. Cette cote a par le passe ete prospere grace a la recolte du guano.

Sur le coup de midi, je suis arrive a Iquique mais faute de trouver un beau bistrot en bord de mer d'ou je pourrais observer les surfeurs dans les rouleaux (j'en ai tout de meme vus du coin de l'oeil), j'ai poursuivi en direction d'Arica. La route traverse un desert....desertique, c'est-a-dire, plat et jaune sable. Rien a se mettre sous la pupille et on compte les kilometres qui defilent trop lentement. La suite a ete plus mouvementee et je vous laisse vous referer a mon article sur le tremblement de terre du 1er avril.

Apres ce seisme, je pensais pouvoir me refugier a Putre, village de montage a 3500 m d'altitude a 60 km de la frontiere bolivienne. L'idee etait aussi d'y sejourner deux jours pour ecrire cette nouvelle, m'acclimater a l'altitude et digerer la nuit precedente. Rate. A minuit, la terre a de nouveau tremble (magnitude 7,6). Ce fut court, peut-etre 30 secondes et je suis reste tranquillemenrt  au chaud dans mon lit. De la, j'ai pu voir le reseau electrique partir en vrille avec de belles explosions aux couleurs verte, bleue et orange. Le lendemain matin, l'alimentation en energie electrique n'avait toujours pas ete retablie et j'ai  repris la route pour arriver a Oruro, en Bolivie, d'ou je vous ecris.

C'est un peu une nouvelle aventure qui commence avec la Bolivie mais apres deux jours, je trouve que si les infrastructures sont plus rustiques, les choses paraissent moins compliquees, a commencer par les retraits d'argent avec la Postcard qui ne posent aucun probleme. Ils ne sont pas limites et les bancomats sont plethoriques.

L'adaptation a l'altitude se passe assez bien grace au Diamox dont j'ai deja interrompu la prise. Je vais me trouver pendant plusieurs semaines sur l'Altiplano sans redescendre et mon organisme devrait suivre.

Pour les photos, il faudra encore attendre car les PC sont vieux, lents et demunis de prise USB.

Desole d'avoir ete si long et merci pour vos messages toujours aussi apprecies.

Hasta luego.







samedi 12 avril 2014

Salar d'Uyuni et environs - photos

Entre Potosi et Uyuni. Jamais vraiment seul sur la route.

Le salar n'a pas une surface uniforme. Il y a des trous d'eau et des zones marecageuses.

Exploitation du sel. Tout a la main.

L'ile d'Incahuasi

La plage. La derniere vague semble s'etre petrifiee dans le sel.

Cette sorte de cactus pousse de 3 cm par an. Sachant que ma taille est de 173 cm, faites vos calculs.

Insolite voie de chemin de fer en plein salar.

Flamands roses. Au fond, le blanc est du borax.

Laguna colorado avec colonie de flamand (et de touristes).

Marche sur la route du retour a Uyuni



samedi 5 avril 2014

Arica-Potosi - photos

Entre Arica et Putre

Village de Putre (Chili)

Volcan Sajama (6542 m) dans le parc national du même nom (en Bolivie)


Lagune dans le parc national de Sajama

Troupeau d'alpagas entre Oruro et Potosi (Bolivie)

Village entre Oruro et Potosi

Rizieres peu avant Potosi

San Pedro de Acatama - Arica - photos

Sur la route de Tocopilla.

Côte Pacifique entre Tocopilla et Iquique

Colonie de pelicans

Village entre Tocopilla Iquique

Desert avant d'arriver a Arica

San Pedro de Acatama - photos

Vallee de la Lune

Idem

I
Les tres Maria, Vallee de la Lune

Geysers El Tatio

Idem

A moins 10 degres

Geysers El Tatio

Lagune en redescendant des geysers

Salta - San Pedro de Acatama (Chili) - photos

En montant sur San Antonio de Los Cobres

Idem

60 km  de piste sablonneuse le long du salar de Cauchari

Salar de Cauchari

Salar en redescendant le col de Jama, côte Chili

Cafayate - Salta - photos

Quebrada de Cafayate

Lac artificiel peu avant Salta


Bâtiment colonial sur la Plaza de Salta


Depart du telecabine Cerro San Bernardo, Salta


mercredi 2 avril 2014

Arica - tremblement de terre du 1er avril 2014

Les événements d'hier me font publier cette nouvelle avant le récit couvrant le parcours Cafayate - Arica, tout au nord du Chili.

Je suis arrivé à Arica assez tard après 550 km de route, dont 400 dans un désert déprimant.  Après être allé manger dans la zone piétonne, je suis entre dans un magasin d'optique pour acheter du produit pour mes lentilles de contact. Alors que j'attendais mon tour, le sol s'est mis à trembler. J'ai tout d'abord pense qu'un métro devait passer juste au-dessous du magasin. Quand les lunettes exposées dans les vitrines se sont mises à dégringoler, j'ai réalisé qu'il s'agissait d'un tremblement de terre. L'opticien de donnant aucun signe rassurant, bien au contraire, je suis sorti en vitesse dans la rue. Il était 20h45 et il faisait déjà nuit. Je suis reste plante au milieu de la rue, pensant être plus en sécurité qu'à l'intérieur. Les façades des immeubles ondulaient fortement sous les secousses. Je me suis dit que tout allait s'écrouler. Ce n'est pas possible qu'une maison puisse résister à cela. C'est alors que je me suis aperçu que les câbles électriques au-dessus de moi étaient fortement chahutés. À une cinquantaine de mètres, un câble s'est abattu au sol dans une gerbe d'étincelles. Puis toute la ville a été plongée dans le noir et les gens, surtout les femmes, se sont mis à hurler. Je me suis réfugié dans l'embrasement d'une porte ou se tenaient déjà quelques personnes. J'ai senti des trucs légers me tomber dans le dos sans pouvoir les identifier dans le noir. Le tremblement à cesse au bout de 2 ou 3 minutes qui ont semble une éternité. Étonnamment, je n'ai ressenti aucune peur me disant même que j'avais la chance de pouvoir choisir ma mort: par électrocution ou par écrasement sous un immeuble. Après les secousses, les éclairages de secours de quelques commerces se sont enclenchés et les gens, visiblement préparés,ont sorti leur lampe de poche. C'est alors que je me suis aperçu que les trucs qui me tombaient dessus étaient des mannequins pour vitrines.

Les magasins fermant à 21h00, la zone piétonne était encore pleine de monde. Toutes ces personnes se sont mises à courir dans une totale confusion. Et toujours ces femmes qui hurlent en plus des sirènes des véhicules des services de secours. Je suis rentre en vitesse à l'hôtel situé à quelques centaines de mètres. Un employé était déjà en train de fermer les portes et m'a dit qu'il fallait aller a l'hôpital qui se trouve dans une zone sécurisée. J'ai demande à aller dans ma chambre pour prendre quelques effets et un autre jeune employé m'a accompagné avec une lampe de poche. Il était complètement paniqué et me suppliait de faire vite. J'ai embarqué mon sac à dos dans lequel j'ai mis mes lunettes et de quoi enlever mes lentilles et me suis collé la lampe frontale sur le front. Puis nous nous sommes dirigés vers l'hôpital. En questionnant l'employé de l'hôtel, j'ai appris que nous n'allions pas passer la nuit à l'hôpital dans un abri PC, comme je l'imaginais, mais qu'il s'agissait de se mettre à l'abri d'un éventuel tsunami. La zone en question se trouve à 1km du rivage et est réputée hors d'atteinte des flots. Nous avons attendu debout dans la rue pendant 2 heures et il commençait à faire froid. Les gens s'étaient calmés et se préparaient à passer la nuit à la belle étoile. Partis précipitamment, nous n'étions, l'employé de l'hôtel et moi, pas équipes pour passer la nuit dehors. Nous sommes donc retournés à l'hôtel après avoir un peu force un barrage de police et avons pris des habits chauds. Sur notre chemin, nous avons pu constater quelques dégâts, mais rien de catastrophique. Mais il faisait toujours nuit noire et seules les lampes de poches trahissaient la présence d'autres personnes dans les rues. Fantomatique.  De retour dans la zone de l'hôpital, dûment éclaire grâce à son groupe électrogène, nous nous sommes installés sur une bordure pour la nuit. Une heure plus tard, un autre employé de l'hôtel, qui prenait son service de nuit, est venu et m'a dit que nous pouvions retourner à l'hôtel. Je n'ai pas tout compris ce qui se passait. Toujours est-il que la police nous a laissés passer et arrivés à l'hôtel d'autres clients nous attendaient.

Après avoir envoyé un SMS à Claire-Lise, je me suis couché et ai même fait de beaux rêves. La nuit à seulement été perturbée par quelques petites répliques. Au premier étage de l'immeuble, on ressent plus une oscillation qu'une secousse. J'avais l'impression d'être sur le Grande Amburgo !

Le lendemain matin, surprise. Alors que je m'attendais à trouver une ville sous le choc avec des debris partout, les gens semblaient vaquer à leurs occupations le plus normalement du monde. Pensant que je ne pourrais pas me mettre en route tôt, j'ai un peu traine au lit et ne suis parti que vers 9h30, ne souhaitant pas rester plus longtemps dans cette poudrière. Avant de partir en direction de la frontière bolivienne, il fallait toutefois que je fasse le plein de la tigresse. L'alimentation en énergie électrique n'etant toujours pas rétablie, j'ai de nouveau passé 4 heures assis sur une bordure. A 13h30, j'ai enfin pu quitter Arica avec le plein (d'habitude je fais le plein en arrivant avant de chercher un hôtel. Ca m'apprendra à ne pas déroger à cette règle).

Vous aurez peut-être appris que ce séisme à touche toute la côté chilienne. L'épicentre se trouvait à Iquique, un peu plus au sud ou je suis passé le même jour vers midi. L'amplitude a été de 8,2 sur l'échelle de Richter. Une demi douzaine de morts sont à déplorer. Le tsunami tant redoute n'a été que de modeste amplitude, heureusement.

Je me trouve maintenant à Putre, à 3500 m d'altitude et près de la frontière bolivienne. En venant, il a fallu faire preuve de vigilance car la terre à aussi tremble jusqu'ici, avec pour effet de nombreux éboulements. Je me suis trouve à plusieurs reprises face à des rochers gros comme des Fiat 500 au milieu de la route.

Je vais peut être rester deux jours dans ce tranquille village, histoire de m'acclimater à l'Altiplano et pour digérer les événements d'hier.

Cet article est un peu long mais constitue pour moi une sorte de débriefing. La peur peut aussi être ressentie rétrospectivement....

Merci de me lire et je vous raconterai les événements des jours précédents aussitôt que possible, plus quelques photos si le PC de l'hôtel n'a pas trop été secoué !

Hasta luego.