jeudi 24 juillet 2014

Nouvelles du 24 juillet 2014 - Cartagena

Je me trouve toujours à Cartagena depuis le départ de Maroussia, le 4 juillet 2014.

Les démarches en vue de trouver un transitaire capable de renvoyer la moto en Europe se sont avérées plus longues que prévues, même que j'avais pris soin de prendre des contacts bien avant mon arrivée à Cartagena.

En effet, la décision de mettre fin au voyage au nord de la Colombie a été prise il y a déjà longtemps. Je me réservais toutefois la possibilité de changer d'avis, raison pour laquelle je ne l'ai pas annoncé plus tôt. Les raisons de cette décision sont multiples et il ne s'agit pas d'un renoncement. Des le départ, j'avais évoqué cette possibilité. Il faut savoir qu'il n'y a pas de route praticable entre la Colombie et le Panama. Cela oblige les voyageurs à emprunter la voie maritime ou aérienne pour aller au Panama. Avec un véhicule, cela se complique car il n'y a pas de service de ferry entre les deux pays et on doit s'arranger avec un voilier prive pour traverser, souvent dans des conditions précaires. C'est plus simple par avion mais évidemment plus coûteux. Quelle que soit le moyen de transport choisi, le coût est presque aussi élevé que celui d'un renvoi de la moto en Europe. Par ailleurs, j'ai toujours eu quelques réticences concernant la sécurité dans certains pays d'Amerique centrale et le fait de voyager seul n'arrange rien. Selon les motards rencontres durant le voyage et ayant traversé ces régions, les passages de frontières sont pénibles et il faut composer avec des fonctionnaires véreux pendant des heures. Il se trouve que je n'ai pas de patience avec les tordus et autres malhonnêtes et j'ai peur de mes réactions.

Autre et dernier élément plus subjectif, j'ai l'impression d'avoir épuisé mon capital chance. Je n'ai pas eu à faire face à de grosses galères pendant ce voyage. J'ai amené mes deux femmes préférées à bon port. La moto à tenu la secousse et, comme diraient les anglais, "did not miss a beat". Par conséquent, il vaut mieux s'arrêter alors que tout va encore bien et ne pas pousser sa chance trop loin.

Dernier élément, la saturation et une certaine fatigue du voyage. En plus de sept mois, j'aurai traversé l'Atlantique pour découvrir un continent immense. J'aurai vu des paysages magnifiques et des sites exceptionnels. Depuis quelques temps, j'ai de la peine à digérer tout cela, c'est comme si le disque dur était plein. En plus, on devient exigeant et on ne s'émerveille plus comme en début de voyage. Idéalement, il faudrait pouvoir laisser la moto ici (ce qui n'est pas possible) et reprendre ultérieurement avec un enthousiasme tout neuf.

La semaine suivant le départ de Maroussia à été consacrée à obtenir des informations précises pour le renvoi de la moto par bateau à Hambourg. Tout va plus lentement ici, y compris les communications par Internet, et ce n'est que le vendredi que j'ai enfin pu passer commande au transitaire qui m'avait été recommandé par l'ambassade de Suisse lors de mon passage à Bogota. Un calendrier des opérations a pu être arrêté et j'ai pu m'organiser pour disposer d'une semaine de "congé" avant de devoir livrer la tigresse au transitaire. J'en ai profité pour partir du côté de Santa Marta, à l'est de Cartagena, toujours sur la côté caraïbe. Sature de chaleur, j'ai passé le week end à Minca, au dessus de Santa-Marta , à 650 m d'altitude, dans une fraîcheur toute relative. Sur une télévision d'un autre âge, j'ai suivi les deux finales du Mundial. Je me suis aussi ballade dans les collines alentour et ai passé deux soirées devant mon bungalow à écouter les bruits de la jungle à mes pieds. Un matin, en allant prendre le petit déjeuner au village, à 10 minutes à pied, j'ai eu la chance de pouvoir observer deux toucans pendant plus de 5 minutes. Un beau moment. 

Le lundi matin, je suis redescendu de la colline et me suis rendu à Taganga, petite station balnéaire à quelques kilomètres à l'est de Santa-Marta. En relevant mes courriers électroniques, j'ai constate que les documents que le transitaire aurait dû m'envoyer ne l'avaient pas été. J'ai donc passé une partie de la journée à relancer et le soir, j'avais enfin tout ce qu'il fallait. Mardi matin, je me suis rendu à Santa-Marta avec pas moins de 5 procurations à faire authentifier par un notaire. Tout s'est heureusement déroule sans problème et assez rapidement. Les choses sont un peu compliquées en Colombie mais ils ont les structures pour y faire face. L'après-midi, le transitaire m'a accusé réception des documents et j'ai pu, dans la foulée, m'inscrire pour un treck de 5 jours pour aller la Ciudad Perdida (cité perdue).

Mercredi matin et après deux heures de voiture, nous avons attaqué, avec mes 14 compagnons de nationalités multiples, la montée vers la Ciudad Perdida. Après une demi-heure de marche, nous étions déjà trempé de sueur mais avons pu déjà piquer une tête dans la rivière. Le reste de l'après-midi, nous avons crapahuté à travers cette jungle accidentée, les ascensions abruptes se succédant aux descentes tout aussi pentues. À la fin de la journée, nous n'avions pas gagné un mètre de dénivelle. Parti du niveau de la mer, il s'agissait de monter à 1200 m d'altitude pour atteindre la Ciudad Perdida. Nous avons passé la nuit dans un camp rudimentaire mais disposant de lits avec moustiquaire. Ce camp, comme les suivants, est situé au bord d'une rivière dans laquelle nous avons pu nous rafraîchir et tester notre courage puisqu'il fallait sauter dans le trou d'eau depuis une hauteur d'environ 3 mètres.
Le jour suivant, nous avons marche toute la journée sans perdre le dénivelle, cette fois, mais ça n'arrêtait toutefois pas de monter et descendre avec en prime un passage à gué avec de l'eau jusqu'à mi-cuisse. Nous avons passé à côté de villages d'indigènes et croise nombre d'entre eux sur le chemin. Ils vivent en autarcie et ont leur propre système judiciaire. Le gouvernement colombien ne se mêle pas de leurs affaires et cela semble fonctionner. Les indigènes sont vêtus d'une sorte de robe blanche et de bottes en caoutchouc. Je n'ose pas imaginer le biotope par cette chaleur.

Par le passé, toute la région était consacrée à la culture de la coca et il y avait même des laboratoires clandestins pour fabriquer la cocaïne. Tout cela a été éradiqué avec l'aide américaine mais les indigènes ont tout de même pu conserver 30 plants par personne pour leur consommation personnelle. Ils mâchent les feuilles comme ils l'ont toujours fait et il n'est pas question de cocaïne.

Au matin du troisième jour, nous sommes montés au site de la Ciudad Perdida en empruntant les 1200 marchés d'escaliers qui y mènent. Encore une belle transpirée et toujours ces satanées moustiques qui nous tournent autour malgré le répulsif. La situation du site est magnifique et on domine les montagnes avoisinantes. Des bâtiments, il ne reste que les fondations circulaires en dur. La partie hors terre étant constituée de bois et de chaume, le temps a fait son œuvre. Le site à été occupe pendant 900 ans par les indigènes Tayrona. On n'en sait pas grand-chose si ce n'est que les lieux avaient été désertés bien avant l'arrivée des espagnols, vers 1400. Le site à été découvert grâce à des pilleurs de tombes qui venaient se servir des objets en or enterrés en même temps que leurs propriétaires défunts.

Durant les deux jours qui ont suivi, nous avons rebroussé chemin pour rejoindre notre point de départ. Ce treck fut une belle mais assez pénible ballade en raison de la chaleur et de l'humidité. En fait, nous avons été mouilles pendant 5 jours. Au niveau de la faune, nous n'avons pas vu grand-chose, si ce n'est d'énormes grenouilles à la tombée de la nuit. Par contre, la nuit, on entend toutes sortes de bruits et c'est bien agréable de s'endormir ainsi. La région est aussi peuplée de pumas et de sorte de petits tigres. Mais avec un groupe comprenant des américaines avec la caquet toujours ouvert, on avait peu de chance d'en apercevoir.

Lundi matin 21 juillet, je suis revenu à Cartagena parcourant la distance de 250 km avec un seul arrêt. Avec la chaleur, il est en effet plus agréable de rester ventile. Je serais volontiers reste plus longtemps dans la région de Taganga et plus particulièrement dans le parc national de Tayrona, mais je devais livrer la moto au transitaire mardi matin. Encore une belle transpirée en vue.

En effet, j'ai du tourniquer une bonne demi-heure pour trouver le transitaire et bien que vêtu d'un jean et d'un t-shirt, j'étais déjà trempé en arrivant. Il a ensuite fallu faire l'inventaire de la moto et de tout ce que contenaient les valises latérales. En ouvrant la valise contenant les outils et les pièces de rechange, j'ai eu la mauvaise surprise de constater qu'un récipient contenant du talc (pas pour mes fesses mais pour le démontage des pneus) s'était ouvert, répandant la poudre blanche partout. Heureusement qu'on était pas encore au stade du contrôle par la brigade des stupéfiants. Bon, je m'en serais probablement sorti en leur proposant une ligne de talc....

La séparation d'avec la tigresse étant consommée, je dois encore fournir et obtenir quelques paperasses cette semaine encore. Je suis donc plus ou moins bloqué à Cartagena mais il y a pire comme lieu de villégiature. La semaine prochaine, je me suis inscrit à un cours de plongée, le PADI advance qui se déroulera dans les Islas del Rosario, à une heure de route de Cartagena. J'irai aussi faire une excursion de deux jours à la Playa Blanca. Tout cela m'amènera au 3 août, date de mon départ pour Quito.

En effet, je vais rejoindre Claire-Lise dans la capitale équatorienne. Nous passerons une semaine aux Galápagos, une semaine en Amazonie et une semaine autour de Quito, espérant voir tout ce que j'ai raté lors de mon premier passage en raison de la mauvaise meteo.

Nous rentrerons le même jour, soit le 23 août, mais sur des vols différents, en Suisse.

Je me réjouis de vous revoir tous car vous me manquez.

Hasta luego.













1 commentaire:

  1. Salut Daniel, tu nous a ravi durant ces 7 mois par tes récits authentiques et magnifiques. Merci pour nous avoir fait rêver et profites bien de ces quelques semaines qu'il te reste à découvrir ces lieux mythiques. Hasta luego amigo ! Jde et Danielle

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